Le Parlement bâillonné ! |
LAssemblée nationale
sert-elle encore à quelque chose ? Cela vaut-il la peine pour un député de
sabsenter de sa circonscription pour siéger à Paris, notamment au moment du vote
du budget ? Telle est la question que les Français peuvent se poser et que se
posent certains parlementaires -, lorsque lon voit linfluence quasi-nulle de
leur présence au Palais Bourbon sur lissue des débats parlementaires. En particulier sur le vote des impôts et de la loi de finances ressortie des précédentes discussions avec moins de 0,06% décart avec le budget présenté par le ministère des Finances, oui, 0,06% ! Avec une commission des finances qui ne peut trouver 500 millions déconomies sur un budget de près de 270 milliards ! Avec, circonstance aggravante, le sentiment que ce nest même pas le budget du ministre des Finances que le Parlement vote mais celui que Bercy a littéralement imposé au ministre. Budget dont les parlementaires découvrent, après le vote, quil contient des modifications des impôts totalement inacceptables, mais soigneusement dissimulées dans les centaines de pages qui arrivent sur le bureau de lAssemblée. Et les parlementaires nont pas dautres moyens danalyse que des documents sortant eux-mêmes de Bercy ou des ministères dépensiers. La montée des dépenses publiques depuis 35 ans et le gâchis dargent public nont pas dautre cause profonde que labsence de moyens de contrôle propres à notre Parlement ; moyens de contrôle qui lui permettraient de savoir où va largent, quelle est lefficacité de la dépense publique ; mais aussi moyens de projection et danalyse propres qui lui permettraient de discuter, de critiquer, de faire des contre-propositions lorsquarrive le projet de budget, le PLF. Mais moyens dont la seule perspective fait se mobiliser les hauts fonctionnaires des finances qui auraient à rendre des comptes ; et ceux de la Cour des comptes dont 95% ont occupé, occupent ou occuperont des postes-clés dans les administrations contrôlées et pour qui un Parlement, ayant ses propres moyens dexpertise, signerait la disparition de la douillette situation de monopole qui est la leur. Permettre au Parlement davoir ses propres moyens de contrôle et dexpertise, comme les Parlements anglo-saxons ou nordiques les plus efficaces, est lun des enjeux les plus cruciaux de la campagne présidentielle de 2007. Même un homme exceptionnel à lElysée sera, seul, incapable de déceler les innombrables dysfonctionnements dont est truffée la machine de lEtat ; et aura besoin de sappuyer sur un autre contre-pouvoir sil ne veut pas voir lAdministration lengloutir à terme dans ses sables mouvants. En fait, la réforme de lEtat, la seule, mais dont bien sûr la fonction publique ne parle pas, cest celle qui permettrait aux représentants du peuple de savoir où va largent des prélèvements quils votent, non pas tant les yeux fermés que la bouche bâillonnée. (source IFRAP) Le 23 septembre 2008 |